Amaigrissement Fatal à Nice

 

Voici le contenu de l'article de journal : Anneau amaigrissant fatal à Nice

 

"IL N'Y A PAS EU DE SUIVI MEDICAL" AFFIRMENT LES PROCHES DE LA VICTIME

Une information judiciaire devrait être ouverte avant la fin de la semaine après la mort d'une mère de famille Niçoise de 46 ans. Son but consistera à faire avancer l'enquête et à aider à comprendre pourquoi et comment cette femme a succombé, quatre ans après avoir subi dans une clinique niçoise une gastroplastie, cette technique médicale aujourd'hui avérée, qui consiste à cercler l'estomac au moyen d'un anneau en silicone pour favoriser la perte de poids des personnes obèses. 

La plainte déposée par la mère et les enfants de la victime vise à faire établir la part et les niveaux de responsabilité de ceux qui ont traité le dossier médical de la malheureuse, si responsabilité il y a eu, comme le pensent les proches.

Sous le coup d'une plus que légitime émotion, le fils et la mère de cette quadragénaire qui travaillait au Trésor Public se refusaient hier à tout commentaire. Tout juste se contentaient-ils de dire "qu'il n'y avait jamais eu de suivi après l'intervention pratiquée à la clinique Belvédère".

COMPLICATIONS

Depuis, la patiente avait semble-t-il consulté son médecin traitant ainsi, en tout dernier recours, qu'un autre, plus spécialisé, qui devait la faire hospitaliser mercredi dernier à l'institut Arnault-Tzanck de Saint-Laurent-du-Var. Elle devait hélas ! succomber à la veille de la date prévue pour son admission. La pose de "l'anneau-miracle" remontant à août 1998, il semble que cette dame ait, depuis, accumulé les complications. En ne parvenant pas à se nourrir normalement, et en continuant à régurgiter les aliments qu'elle avalait. Il paraît probable que les spasmes de ces fréquents vomissements ne soient pas étrangers au déplacement de l'anneau, qui est finalement remonté jusqu'à la base de l'oesophage en nécrosant les tissus, comme l'a établi l'examen médico-légal effectué vendredi à Nice.

Dominique a-t-elle été mal suivie, ne lui a-t-on pas expliqué scrupuleusement le régime auquel elle aurait désormais à s'astreindre au lendemain de sa gastroplastie, ou l'a-t-elle mal respecté, en n'étant pas suffisamment prise en charge par le milieu médical ? Autant de questions aujourd'hui sans réponse, sur lesquelles ne manqueront pas de se pencher les enquêteurs qui seront désignés par le juge.

Enquête de Michel BARELLI

 

et dans un encart :

GASTROPLASTIE UNE SURVEILLANCE A VIE

Hier soir le professeur Jean Mouïel, qui enseigne à la Faculté de Médecine de Nice, nous rappelait qu'au delà de l'acte chirurgical lui-même, la gastroplastie devait être prise en compte comme "un programme".

"Il faut d'abord savoir qu'elle ne s'adresse qu'aux obèses pathologiques, à savoir les personnes qui pèsent le double du poids corporel jugé normal (120 kilos, par exemple, pour une femme de 1,65 mètre). En ce sens, l'opération est soumise à une entente préalable ; dans le cas contraire, elle ne peut être prise en charge par la sécurité sociale que s'il existe une maladie associée, du genre diabète ou hypertension artérielle".

"La gastroplastie, ajoute le professeur Mouïel, est donc un programme qui comprend trois phases. L'évaluation, d'abord, qui doit être multidisciplinaire et consiste à expliquer au malade ce dont il s'agit, en étudiant les facteurs risques et en lui apprenant comment il devra se nourrir après l'intervention.

Il y a ensuite l'opération en elle-même (une heure de durée environ), qui exige une semaine d'hospitalisation pour le patient. Enfin, et c'est peut-être le plus important, il y a le suivi, qui est similaire à celui qu'on peut rencontrer dans des cas de cancer ou de maladies diabétiques : la perte de 40 à 50 kilos ne peut se faire sans une étroite surveillance. Une surveillance à vie. Il convient de vérifier le confort alimentaire, la qualité de vie, les éventuelles carences en sels minéraux. 

Des bilans métaboliques doivent être accomplis, au départ tous les trois mois. Puis il faut consulter tous les six mois environ, mais le suivi doit là encore être pluridisciplinaire, en fonction de l'affection associée que présente le malade".

UNE POCHE DE LA TAILLE D'UN DEMI POT DE YAOURT

Enfin, le spécialiste niçois rappelle que la gastroplastie isole une poche de seulement 20 cm3, soit la taille de la moitié d'un pot de yaourt, qu'on peut remplir avec trois cuillères à soupe ! Il convient donc de s'alimenter en conséquence, en faisant cinq à six collations par jour plutôt que de vrais repas.

"10 % à 20 % des complications sont liées à l'indiscipline du malade," conclut M. Mouïel. En présence d'une forte intolérance gastrique, on peut toutefois desserrer - mais aussi resserrer- l'anneau, afin de donner un plus grand confort à la personne et d'éviter un déplacement, qu'il convient de surveiller, et une occlusion haute, comme cela semble s'être produit dans le cas de la patiente niçoise".